mercredi 5 juin 2013

VIOL ET DÉTOURNEMENT DE MINEURE DE 13 ANS : LE MAÇON RISQUE DIX ANS DE PRISON

Le procès d’un "jeune couple" a tenu en  haleine le public, hier matin, au Palais de justice. Le prévenu et sa présumée victime, présents devant la barre, ont été sévèrement réprimandés par le procureur de la République et le président du tribunal qui leur reprochent de nier d’avoir eu des relations sexuelles.
C’est dans une salle comble et fermée que Mariama Ndiabaly et Ibrahima Diouf ont comparu. Curieux et venu en masse, le public n’a rien voulu rater de ce déballage. Il écoute religieusement les deux jeunes attraits devant la barre. Dans la salle, hormis les accusés, les avocats et le président du tribunal, personne d’autre n’a droit à la parole. C’est le silence absolu. Mais, certains enfreignent cette loi en chuchotant dans les oreilles de leurs voisins. À la question du tribunal, si l’accusé Ibrahima Diouf a violé la victime ? La réponse de ce dernier ne s’est pas faite attendre. « Non ! Je n’ai jamais eu de rapports sexuels avec Mariama Ndiabaly », se défend le natif de Bambey.
L’accusation remonte à janvier 2011. A l’époque, Ibrahima Diouf était âgé de 20 ans. Taille moyenne, marié et sans enfant, il a assumé l’amour qu’il éprouve pour sa petite copine. « Je n’ai jamais tenté de la violer, ni d’avoir des rapports sexuels avec elle. Cela ne nous lie pas. La relation que j’ai avec elle, c’est une relation d’amour. Je l’aime », dit-il sous le regard attentif du président du tribunal et de ses deux assesseurs.
Face à ces allégations, le procureur prend la parole pour  recadrer Ibrahima Diouf qui, selon lui, a affirmé à la police : « Je ne peux pas nier que je suis le premier à avoir des rapports sexuels avec elle ». Très en verve, il s’est aussi adressé à Mariama Niabaly. "Vous avez dit à la police : Je ne peux pas dénombrer le nombre de fois que j’ai des rapports sexuels avec lui (Ibrahima Ndlr). La dernière remonte à la nuit du 19 mai 2011. J’ai passé la nuit avec lui pendant douze jours. Donc pourquoi vouloir nier les faits, aujourd’hui », se demande le procureur. « Vous avez étés briefés  avant de venir ici pour vous protéger mutuellement.  Sachez que cela ne marchera pas. Vous êtes têtus et vous êtes des menteurs », lance-t-il à l'endroit de la fille. 

Le jeune homme, maçon de profession, était serein dans ses  interventions. « Khady Faye (sa voisine) ne savait pas  que la fille est venue à Dakar sans l’avis de ses parents. Je lui ai donné le prix du transport. Je savais qu’elle étudie (école coranique). Mais,  elle abandonné ses études à cause des menaces de ses parents qui étaient contre notre amour. Ils n’ont jamais admis qu’elle me fréquente », témoigne le prévenu. Selon lui, copine sait qu’il était un homme marié, mais elle continuait à le fréquenter. Des propos confirmés  par la partie civile. « Oui ! Je sais qu’il est marié », reconnaît la jeune fille, âgée de 13 ans.

Debout à côté de son copain, teint clair, tête voilée, elle répondait aux questions du juge sans tergiverser. «Depuis un an, nous sommes ensemble. J’ai quitté Bambey pour venir le rejoindre à Pikine où il a une chambre. C’est lui qui a payé mon déplacement. Une fois à l’arrêt de Pikine, je l’ai appelé au téléphone et il est venu me chercher. J’ai quitté mes parents, il y a maintenant presque deux mois », avoue la fille.
Le père, bouleversé par la fugue et le témoignage  de sa fille, peine à s’exprimer devant les juges. Il hésite, bégaye, et perd parfois ses mots. « On l’a trouvée dans la chambre du jeune homme vers les coups de 23 heures. En partant, elle m’avait dit qu’elle allait à l'école coranique. Je n’ai jamais accepté qu’ils soient ensemble», atteste  le vieux, la cinquantaine bouclée, les lunettes bien ajustées sur le visage. « C’est à cause de lui (Ibrahima Diouf) qu’elle a abandonné ses études coraniques. Mon opposition à leur amour m'a valu tout le temps des menaces de mort d'Ibrahima », poursuit le père de la victime. 
Le procureur a requis 10 ans de prison au moment où la défense a plaidé la relaxe pure et simple. L’affaire est mise en délibéré jusqu'à  la semaine prochaine. 

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