lundi 25 novembre 2013

Yankhoba Seydi, Saes/Ucad : «L’Université est devenue un espace criminogène»

Coordonnateur du Syndicat autonome des enseignants du Sénégal (Saes) de l’Université de Dakar, Yankhoba Seydi jette un regard lucide sur la violence qui s’est instaurée dans l’enceinte universitaire. Après le saccage du rectorat, il condamne ces actes «barbares» et demande l’ouverture d’une enquête «sérieuse» pour tirer cette affaire au clair.

Yankhoba Seydi, quel sentiment vous anime après le saccage du rectorat et de l’Ifan ?
C’est une condamnation ferme des violences. D’abord, on ne cherche pas qui a fait ce qui s’est passé. Nous condamnons vraiment avec la dernière énergie, parce qu’encore une fois, il n’y a qu’une seule loi qui doit prévaloir dans cet espace, c’est la lumière (Lux mea lex). Quand on s’illustre d’une telle façon, c’est-à-dire perpétrer des actes dignes d’un barbare, nous en tant que Saes, ne pouvons que condamner cela. Et nous demandons aux autorités académiques, politiques, d’assurer la sécurité (de l’université) parce que cela a duré. Nous avons des actes de violence dans cet espace-là de façon récurrente. Cela donne la peur au ventre à tout le monde quand on vient travailler. Cela n’a pas de sens surtout dans un espace académique : Il faut que les autorités sachent prendre les mesures idoines pour mettre fin à cela. Qu’est-ce qui va se passer si cela continue ? La situation va nous dépasser. La loi 94-79 est là pour consacrer les libertés dans ce campus, mais ces libertés sont en train d’être violées de façon récurrente. Ce n’est pas acceptable.
D’après l’Assemblée de l’université, les présumés auteurs de cet acte de vandalisme étaient lourdement armés. Est-ce vraiment le cas ? 
Il y avait des gens qui avaient des machettes très neuves. C’est-à-dire des armes qui sont sorties directement de la boutique. D’autres avaient des gourdins, des pierres : Ce sont ces pierres là qui ont atteint les bureaux du rectorat. Le bureau du rectorat général a été caillassé et cassé. Moi j’étais à l’intérieur, j’ai vu les images : Ce n’est pas acceptable, on ne peut pas laisser de pareils actes se poursuivre. C’est la énième fois que cela se passe à l’Université de Dakar, cela n’est pas acceptable. Il faut que les autorités comprennent que la vraie question dans un espace académique, c’est avant tout la sécurité. Celle-là qui permet d’avoir de facon permanente la sérénité sans laquelle on ne peut rien faire.
La présence d’une police universitaire peut-elle vous rassurer ?
La police universitaire ?  Nous la demandons depuis des années. La police universitaire n’a rien à avoir avec la Police nationale qui vient matraquer les gens. Non ! La police universitaire va avoir un cahier de charges précis. Son rôle et sa mission seront définis par une loi pour protéger les libertés académiques. En dehors de cela, rien du tout. Donc elle va protéger le personnel, les étudiants et la communauté universitaire. Cette police est nécessaire dans cet espace.
Pourquoi ?
Parce que cet espace est devenu criminogène au lieu d’être «éducogène».
Certains soutiennent que le recteur avait recruté à un moment donné des «nervis» pour pouvoir faire face aux fauteurs de troubles. Est-ce vrai ? 
Nous ne savons pas. Nous ne pouvons pas infirmer ni confirmer parce que nous ne savons pas. C’est pourquoi nous demandons qu’une enquête sérieuse soit ouverte pour qu’on sache la vérité. Le conseil restreint auquel j’ai assisté hier (jeudi) avait à la fin décidé de traduire les étudiants identifiés devant le conseil de discipline. Et à la sortie, nous avions vu aussi que les étudiants qui étaient intervenus au niveau des médias disaient qu’ils allaient porter plainte parce que, disent-ils, «le recteur avait ou le rectorat avait recruté des nervis». Donc, vous voyez que nous ne savons pas qui a fait quoi. C’est pourquoi, pour que les uns et les autres soient édifiés sur cette affaire, il faut une enquête impartiale et sérieuse.
Les étudiants identifiés sont au nombre de combien ?
Au conseil restreint d’hier (jeudi), le recteur nous a informés qu’il y avait 15 qui étaient venus. Mais tout cela demande à être clarifié.     

dimanche 17 novembre 2013

LITTÉRATURE Doris Lessing, une grande dame follement provoc

Doris Lessing, le 11 octobre 2007, après l'annonce de son Prix Nobel (Photo AFP/Shaun Curry)La romancière britannique est décédée le 17 novembre 2013 à l'âge de 94 ans. En 2007, elle avait été recompensée du Prix Nobel de littérature. Le quotidien The Guardian l'avait rencontrée à cette occasion.

Doris Lessing peut être féroce. Mais ce matin, comme on peut l’attendre d’une dame de 88 ans qui vient de recevoir la plus haute récompense littéraire du monde, elle est tout sucre tout miel.  


Les escaliers de sa vieille maison de West Hampstead [au nord-ouest de Londres] sont jalonnés de bouquets de fleurs. A l’étage, le salon – dont j’avais gardé l’image d’une pièce un peu lugubre, encombrée d’immenses piles de livres et de magazines ainsi que de tableaux et de tapisseries oppressants – est aujourd’hui égayé par des fleurs, toutes dans des tons orange et rouges. “Visiblement, on m’associe au crépuscule”, commente l’écrivaine. Malgré le tourbillon des dernières vingt-quatre heures, nous sommes seules, même si le téléphone, réglé sur une sonnerie stridente (Doris Lessing est atteinte d’une légère surdité), ne cesse de retentir au gré des appels de félicitations. Le plus réjouissant a été celui de son héros Gabriel García Márquez, dit-elle avec une joie non dissimulée. 


Le grand favori de cette année 2007 (à sept contre deux), Philip Roth, grand monsieur de la littérature follement prolifique, provocateur et controversé, célèbre pour ses écrits sur la masturbation, la politique et les névroses masculines, a donc été battu par l’outsider (à cinquante contre un), grande dame de la littérature follement prolifique, provocatrice et controversée, célèbre pour ses écrits sur la menstruation, la politique et les névroses féminines. Comme tous les médias l’ont souligné, Doris Lessing est seulement la onzième femme récompensée par le Nobel de littérature depuis sa création en 1901. 


Une grande victoire pour les femmes de lettres ? “Je déteste parler de littérature en termes d’hommes et de femmes. Cela n’a pas grand intérêt.” Elle regrette toutefois que Virginia Woolf n’ait pas été primée. Si Doris Lessing n’est pas un choix si surprenant, c’est peut-être parce qu’elle est avant tout une écrivaine d’idées et d’idéaux. Postcolonialisme, communisme, féminisme, mysticisme – rares sont les -ismes du XXe siècle auxquels elle n’ait pas été associée, à juste titre ou non. “Eux, là-bas”, dit-elle avec un large geste de la main, “ils aiment les étiquettes, ça leur simplifie la tâche.” Pourquoi, à son avis, a-t-elle fini par obtenir le prix, alors qu’elle est donnée favorite depuis quarante ans ? “Sans doute parce que j’ai écrit de beaucoup de façons différentes, sans jamais me dire que je n’en avais pas le droit. Cela fait une liste impressionnante.” 


Aurait-elle été déçue de ne jamais le remporter ? “Non, cela fait des années et des années que ça dure, franchement, ça devenait lassant. J’ai eu tous les prix européens. Celui-ci est le plus prestigieux, mais cela ne veut pas dire que ce soit le meilleur d’un point de vue littéraire.” Doris Lessing est incontestablement une doyenne du féminisme en Grande-Bretagne, aura dont elle cherche pourtant à se débarrasser depuis que Le Carnet d’or fut proclamé “bible féministe” en 1962. Considère-t-elle vraiment ce roman comme un “boulet”, comme elle l’a dit un jour ? “Ce livre a une charge particulière, je dois bien l’admettre. Il ne cesse de resurgir çà et là, dans d’autres pays, et je me dis alors : ‘Ce livre a quelque chose.’ Il a une qualité, une vitalité particulières.” 
Une effronterie politiquement très incorrecte

Autre lauréat du Nobel, J. M. Coetzee voit en elle “l’un des grands romanciers visionnaires de notre temps”. On oublie souvent que Doris Lessing a été une pionnière tant du point vue formel que du point de vue des idées, sa prose ayant évolué du réalisme humaniste des premiers romans à une phase intermédiaire fantastique. Avec cet esprit de contradiction qui la caractérise, elle tire sa plus grande fierté de son cycle de science-fiction Canopus dans Argo, qui dérouta plus d’un critique. “Je crois que cette série figure parmi ce que j’ai écrit de mieux. Ce sont des expérimentations. Le problème, c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer le conservatisme des gens de lettres… A la parution du Carnet d’or,personne n’a remarqué que j’utilisais là une forme des plus intéressantes, ils étaient bien trop obsédés par le fait que j’étais censée être antihommes.” 


Doris Lessing semble prendre un malin plaisir à tourmenter ses “sœurs” en affirmant, avec une effronterie très politiquement incorrecte, le déterminisme biologique et les différences intrinsèques entre les sexes. Source http://www.courrierinternational.com/




jeudi 14 novembre 2013

54 éme session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples : La Raddho liste les points noirs du régime de Yahya Jammeh

Les défenseurs des droits de l’Homme, réunis hier à Dakar lors de la restitution des travaux de la 54 éme session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp), ont décrié le régime de Banjul qui serait caractérisé par une politique de la terreur. A l’image des autres réunions, ils ont dénoncé la politique de Yahya Jammeh considéré comme un autocrate qui a réussi à mettre en place un régime fermé multipliant les exactions et les emprisonnements arbitraires dans ce petit Etat. «Les avocats et les juges sont constamment intimidés et emprisonnés, de façon arbitraire, au même titre que les journalistes et les défenseurs des droits humains. Nombreux sont les condamnés qui n’ont pas bénéficié d’un procès équitable. Ils attendent le bon vouloir du président de la République dans le couloir de la mort», dévoile le secrétaire général de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme). D’après Aboubacry Mbodji, le gouvernement gambien ne doit plus continuer à abriter le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme (Cadhp) qui est, dit-il, l’un des mécanismes les plus importants de l’Union africaine en matière de protection et de promotion des droits humains. 
Quid de la liberté d’expression ? Il indique que la Gambie refuse de recevoir les commissaires alors qu’elle abrite le siège de la commission. «Depuis des années, elle ne présente plus de rapport devant la commission parce que les Etats sont évalués sur leur performance en matière des droits humains par l’article 62 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui dit que : ‘’chaque Etat doit présenter un rapport périodique devant la commission.’’ Aujourd’hui, la Gambie se dérobe de toutes ces demandes. Aucun Etat africain, les Nations-Unies n’a osé dénoncer cette situation que nous qualifions de silence complice des Etats», précise M. Mbodji. 
Par ailleurs, il confie que la Gambie ne respecte pas ses engagements vis-à-vis de la Communauté sous-régionale, régionale et internationale en matière de libertés d’expression et de droit de l’Homme. Très remonté contre le régime de Yahya Jammeh, Aboubacry Mbodji regrette que la Gambie «viole de manière flagrante» la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. Alors que la Société civile locale, dit-il, n’ose pas se prononcer sur les violences, n’a pas de légitimité pour abriter la Cadhp. «Il y a beaucoup de plaintes devant la Cedeao. La Gambie a perdu deux procès, mais a elle refusé de s’exécuter. Aujourd’hui, elle doit répondre de ses actes contre les 9 personnes condamnées à mort le 23 août 2012», avance Fatou Diagne  Senghor, coordonnatrice de l’article 19 en Afrique de l’Ouest.

Album Après le lancement de «Kadiamor» : Facoly décline son agenda

La chanteuse Facoly organise une soirée de gala le 16 novembre à l’hôtel de la Médina à Saly portudal. Ceci entre dans le cadre de la promotion de son deuxième album intitulé «Kadiamor» qui signifie l’unité, la paix. Pour une bonne sensibilisation sur la paix au Sud du Sénégal, l’artiste et son staff annoncent qu’ils seront en caravane, une semaine après cette soirée, en Casamance dans la région de Ziguinchor, Cap skiring et Kabrousse.
«Kadiamor» est un album de dix titres avec des thèmes qui touchent l’amour, le travail, la paix, l’unité entre autres. «C’est le couronnement de plusieurs années de travail depuis la sortie de mon premier album en 2008 avec le titre : Yow la done khar», précise Facoly. Fatou Goudiaby (le nom de l’artiste à l’état civil) signale que la soirée de gala du 16 novembre verra la participation d’artistes comme Pape et Cheikh , Alioune Mbaye Nder , Sidi Samb, le groupe Fogny, Metzo Diatta etc. «L’album est disponible sur le marché. Le concepteur a tout terminé. Il suffisait juste de mettre en paquet afin que nous puissions le  distribuer à la presse. Ce qui est sûr, aujourd’hui (avant-hier), à 00 heure, tout individu qui aura besoin de l’album  pourra en disposer», rassure un des membres de son staff. Selon Bamba Faye, ils vont procéder à une vente public, parce qu’ils ont juste gravé à peu près 500 Cd pour éviter la piraterie et en donner à la presse, les collaborateurs, les amis et le staff. «La vente ne nourrit plus son homme en matière de culture. Donc, nous produisons un nombre assez réduit pour pouvoir vendre. Parce que nous ne voulons pas investir à perte», confie l’entourage de l’artiste.       
«Après cette conférence de presse, suivra l’étape de Saly pour une soirée de Gala prévue le 16 novembre à l’hôtel de la Médina. La semaine suivante, nous serons en Casamance dans la région de Ziguinchor, Cap skiring et Kabrousse. Pendant ce trajet, il y aura une tournée promotionnelle et humanitaire. Humanitaire parce que Facoly est aujourd’hui ambassadrice dans le cadre de la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Donc, il y aura des séances de dépistage.  A chaque fois qu’elle va se produire, des messages vont être distillés concernant les dépistages contre le cancer, la prise en charge etc», informent Facoly et Cie. Aujourd’hui, justifie Bamba Faye, le cancer du col a fortement pénétré la population féminine, surtout dans les régions dites défavorisées ou un peu enclavées comme la région de la Casamance. Ce qui signifie, dit-il, qu’il y a une forte demande. «Facoly est revenue de la Casamance ça fait juste moins de deux semaines. Déjà, dans les messages qu’elle a eu à distiller dans les radios communautaires, il y a eu beaucoup de réactions dans ce sens.   Donc, l’accent sera mis sur cette nouvelle œuvre pour sensibiliser les populations. Elle va également sensibiliser sur la paix. On ne peut pas faire cette tournée, sans parler de la paix qui demeure, aujourd’hui, une nécessité pour le développement de cette région. Et, elle bouclera sur l’éducation et l’humanitaire parce qu’elle est ambassadrice d’une Ong Belge «Aidons les enfants du Cap skiring», confie le staff. «En outre, nous allons saisir cette opportunité pour sensibiliser sur le tourisme parce qu’elle exploite une entreprise touristique à Saly», soutient de Fatou Goudiaby. 

mardi 5 novembre 2013

Au nom de la liberté d'expression

RIP  aux deux journalistes (Ghislaine Dupont et Claude Verlon) tués sur le terrain au Mali. L'autre disait qu'en Afrique un vieillard qui meurt, est une bibliothèque qui brûle. A côte de cette assertion, je signale: "Tuer un journaliste dans l'exercice de ses fonctions, c'est liquidé la vérité.  Avec le triomphe de la liberté d'expression en ce 21 éme siècle, nul n'a le droit de se donner la peine d'éliminer ou de terroriser la liberté d'expression. Nous sommes tous pour la fragmentation, la multiplication de l'information. Au nom de la vérité, de la liberté d'expression, de la diversité des opinions, les soldats de l'information se sacrifient, s'exposent pour faire reculer l'ignorance. Parce que "plus on est informé, plus on prend notre destin en main", dit-on souvent. Comme Stéphane Hessel, dans son ouvrage"Indigner-vous", je m'indigne contre les terroristes de l'information, à toute forme d'action pouvant menacer la liberté d'expression et d'information. Carton rouge aux actes barbares.