mercredi 4 juin 2014

Société civile, juristes et politiques sur la parité : Procès de la liste de Touba

Les positions sont tranchées. Hier, des membres de la Société civile, des universitaires, des mouvements, députés, constitutionnalistes, etc., ont exprimé leur indignation face au non-respect de la parité par la liste de Touba lors d’un panel. «Le cas de Touba, c’est un cas qui est en porte-à-faux avec les dispositions législatives. Il a posé énormément de difficultés à la classe politique parce que tout simplement on avait pensé que la loi sur la parité avait fini par être adoptée par les populations sénégalaises. Et, aujourd’hui, la réaction de Touba a remis en peine le débat autour de la parité. Et ça repose l’adéquation entre le droit requis et le droit officiel», explique le constitutionnaliste Ameth Ndiaye. A ses yeux, la réaction de Touba va permettre aux acteurs intellectuels (acteurs politiques) de réfléchir sur comment articuler le social et le juridique. «Comment Touba va se positionner par rapport à la parité ? Est-ce qu’il faut un aménagement ?  Et moi, je pense qu’il  n’y a pas d’élection à Touba», affirme le Professeur. Parce que, argumente-t-il, «les élections supposent ou postulent l’idée d’un choix».

Selon lui, «la liste du marabout est entérinée. Accordons-nous d’abord  sur le sens des  mots : élection ou nomination à Touba en fonction de sa spécificité. Et, Touba n’est pas une entité à part dans ce pays. Si  Touba est spéciale. Mais Tivaouane, Yoff, Ndiassane, etc., sont spéciales de même que la religion chrétienne, catholique, etc.», compare le Pro­fesseur qui, par ailleurs, souligne qu’il «faut s’asseoir, ensemble, autour d’une table pour apporter les réponses appropriées». Pour Abou­bacry Mbodj, secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), les acteurs de la Société civile ont failli à leur mission qui est, soutient-il, de sensibiliser les populations afin qu’elles s’approprient des instruments tels que les lois et les règlements. «Aujourd’hui, le fait qu’on assiste à une exception par rapport à une majorité qui a appliqué les listes  paritaires, doit nous pousser à reprendre le travail pour qu’on puisse combler le vide que nous n’avons pas eu le temps de combler», estime M. Mbodj.
Le successeur de Alioune Tine à la tête de la Raddho d’ajouter que la loi sur la parité est «un acquis  d’importance capitale parce que parmi les différentes collectivités locales qui doivent s’acheminer vers les élections locales, il n’y a qu’une seule collectivité locale qui n’a pas respecté la parité». De l’avis du président groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, il ne s’agit pas de remettre en cause les principes religieux. Moustapha Diakhaté constate que «sur 602 collectivités locales, seule celle de Touba n’a pas respecté la parité». Il en déduit que «la Société civile, la presse, les acteurs publics et politiques ne se sont pas comportés de manière très honorable. La loi, on doit la défendre parce que c’est la loi. Quand le président de la République viole la loi, ils tapent sur lui», explique le député. D’après lui, ils devaient tous se dresser comme un seul homme et considérer que ce qui s’est passé là-bas (à Touba) n’est pas conforme à la loi.

 

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