Fin du mois aux guichets, c’est l’atmosphère de fatigue
Ce jeudi 19 mai 2011, à 7h du matin, un bon nombre d’étudiants en histoire et en philosophie, occupent toute la devanture du guichet du pavillon H. Ils sont à l’attente des payeurs. Mais, avant l’arrivée de ces derniers, ils se voient épuiser.
Souvent assimilables à un champ de fatigue, de rapport de force…, les guichets de paiement accueillent chaque fin du mois un bon nombre d’étudiants dont l’unique préoccupation est de percevoir leurs mensualités. Ainsi, aujourd’hui (jeudi 19 mai 2011), à 7 heures du matin, une masse d’étudiants de la faculté des lettres et sciences humaines du département de philosophie forme un bloc compact devant le guichet du pavillon H et écoute religieusement celui qui est chargé de faire le rappel de ceux qui se sont inscrits sur la liste. Durant le rappel, tout étudiant qui répond présent, laisse sa carte d’étudiant à la tête de lot. Cette dernière est celle qui est en première position parmi les dix étudiants qui forment un lot. Cependant, après les avoir constitués de 1 à 10, ils attendent avec impatience les payeurs et braquent tous leurs regards à la direction de ces derniers. En ce moment, leur visage reflète l’image d’un pauvre mendiant qui est à la quête de l’aumône. Parallèlement au groupe des étudiants du département de philosophie, une foule d’étudiants en histoire surgit à 7h34 et réfute la validité de la liste des étudiants en philosophie. Ils (étudiants en histoire) estiment : « qu’ils sont les premiers à ouvrir une liste ».L’autre camp rétorque de manière inattendue. La situation se dégrade, le climat de paix devient sombre. Dans cette dynamique, ces deux forces contradictoires laissent entendre des discours fermes, engagés, musclés… Issa Touré, étudiant en 2 éme année au département de philosophie, enfonce le clou en incitant son groupe de ne point céder la place qu’il occupe. Ainsi, au fur et à mesure que l’heure avance, ils deviennent de plus en plus déterminés devant les grilles du guichet.
Visage reflétant la fatigue, yeux complètement rouges témoignant une nuit de veille, corps couvert de drap bleu, bonnet à la tête pour se protéger contre le froid, écouteurs aux oreilles, Modou Ndiaye est étudiant en licence au département d’histoire. Au moment où ses compagnons de département échangent des paroles, il reste tranquillement assis sur un banc en bois et se donne le temps de somnoler.
A 11H 15, les payeurs arrivent au guichet. Pour avoir accès à leur porte d’entrée, ils se heurtent à des obstacles car aucun étudiant ne veut se sentir éloigner du guichet. Ainsi, Ils(les étudiants) occupent toute la surface qui gravite autour de ce lieu .En ce moment, l’ambiance, les bousculades…, émaillent l’atmosphère qui s’y règne. Cependant, l’entrée des payeurs est facilitée par les « vigiles » qui ont poussé les étudiants à céder le passage. Une fois entrée au guichet, ils s’assoient devant leur bureau et préparent à les payer. Mais, avant cela, ils donnent des instructions à ces derniers. C’est la fusion des deux listes opposées. Ainsi, malgré les propositions tenues par les payeurs dont Sylla du guichet du pavillon H, certains étudiants extrémistes campent sur l’idée selon laquelle, la fusion dont parlent ces derniers est impossible. C’est à l’image de Moustapha Diallo, étudiant en première année au département de philosophie. Selon lui, il n’est même pas permis de penser à une fusion car ce sera impossible. Dans ce même ordre d’idée, un de ses amis qui s’appelle Daouda, avance : «parler d’une fusion, c’est perdre de l’énergie et du temps ».Aussi radical qu’eux, un étudiant du même groupe, qui préfère garder l’anonymat, laisse entendre qu’«il préfère de ne pas percevoir son paiement que de fusionner avec des gens qui n’ont pas passé la nuit au guichet ».Ainsi, un étudiant en histoire, qui répond sous le nom de Wally Diouf, avance à l’encontre des payeurs : « nous sommes les premiers à constituer une liste. Ces étudiants en philosophie ont constitué une liste qui ne répond pas aux normes du guichet ».Cependant, son ami Abdoulaye que l’on nomme le plus souvent le «sage », incite ces deux forces opposées à s’entendre.
Il est 12heures et rien ne s’est fait. Les discours vont et viennent dans tous les sens. Devant cette situation, les payeurs restent toujours assis, les bras croisés et ils jettent un regard décourageant à l’encontre de ces nombreux étudiants qui se bousculent et disputent depuis 7heures du matin.
Meurtris à cause du mauvais comportement des étudiants, ces payeurs menacent de partir si ces derniers(les étudiants) refusent de trouver un terrain d’entente. Ainsi, habillé en tenu traditionnel de couleur blanche avec un turban noir qui couvre les deux épaules, chapelet noir à la main droite, le Vieux Fall (payeur le plus âgé au guichet), presse les étudiants et réussit à calmer les nerfs. C’est dans cette logique qu’ils ont accepté de fusionner les deux listes qui étaient opposées jusqu’ici. Ainsi, le rappel des payeurs se passe dans une tranquillité totale et les étudiants perçoivent leur paiement l’un après l’autre.
Après avoir perçu son paiement, Alioune Barry du département d’histoire souffle et souhaite « que la bancarisation soit rapidement entrée en vigueur »
Pape SOUANE, le Panafricain
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire