jeudi 30 juin 2011

MAMADOU NDIAYE, ETUDIANT EN MAITRISE DE SOCIOLOGIE

«Le caractère fréquent de la violence conduit les acteurs à la banaliser »

Ce vendredi 24 juin 2011, au département de sociologie, à 11h du matin, Mamadou Ndiaye est aussi étudiant en licence, à l’Institut des Langues Etrangères Appliquées (ILEA) à l’Université de Dakar. Trouvé au département de sociologie, livre de Rousseau entre ses mains, il nous a accordé un entretien qui a pour thème: la violence au Sénégal. Selon lui, la crise économique, l’individualisme et la perte de valeurs font partis des causes qui la favorisent.

Selon vous, qu’est-ce qui est à l’origine de cette violence ?
Bon ! On peut dire que l’inflation du taux de violence est due essentiellement à la crise que traverse la société dans ses différents segments. D’abord, l’économie est à genoux dans ses différentes structures que sont : l’économie rurale, l’industrie, le commerce, les services etc. Le taux de chômage conséquemment s’amplifie, expliquant ainsi le développement de la délinquance. Au même instant, on assiste à une profonde crise des valeurs .Il n’y a plus de repères pour les jeunes. A cela, s’ajoute la crise des modèles en raison de l’extraversion de notre société qui a tendance à s’attacher plus à des référentiels occidentaux, américains qu’à des modèles locaux. Au même instant, la dégradation des valeurs politiques avec des pratiques comme le mensonge ou al transhumance installe les jeunes dans un contexte de pertes de principes éthiques qui structurent la conduite de tout un acteur respectueux de l’équité et de la justice. La société devient ainsi matérialiste et ne s’occupe que du confort et non à l’être. On peut dire aujourd’hui, au Sénégal, ceux qui ont, sont et ceux qui n’ont pas, ne sont pas.
Malgré toutes ses conséquences néfastes, on remarque qu’elle gagne toujours du terrain. Qu’est ce qui l’explique ?
Les attitudes de replis sur soi largement constatées au Sénégal montrent que la société sénégalaise reste à faire. Ainsi, on constate que, de nos jours, l’engouement qui caractérise les populations autour des activités du quartier ou du village est pour la plupart du temps couvert de tension. On peut même aller jusqu’à dire du mal à l’autre etc. Donc, on a tendance à imputer à responsabilité de certains actes barbares l’étranger. D’autre part, l’individualisme qui se développe de plus en plus fait que l’acteur se soucie de lui et non des autres. Dans ces situations de crises multiformes, les acteurs ont tendance à trouver des solutions individuelles en s’écartant des cadres de vie communautaires. Donc, la société n’est plus un ensemble d’individus qui inter agissent, mais une somme d’acteurs isolés les uns des autres. C’est exactement ce qui se passe dans les nouveaux quartiers et cités. Certaines formes d’agressions prospèrent dans ces nouvelles habitations ou les acteurs se replient sur eux-mêmes et n’entretiennent aucune relation les uns avec les autres. Le caractère massif de la violence de nos jours conduit les acteurs à la banaliser. Tout se passe comme si c’est une règle. Aujourd’hui, on les fréquente et elles finissent par faire parties du décor social. On tend donc vers une société insensible à toute forme de violences.
Quelles sont les solutions que vous proposez pour pallier à cela ?
Ok ! À mon avis, je pense qu’il y a une urgence pour diagnostiquer ce phénomène : il faut développer et redistribuer de manière équitable les ressources. Renforcer la famille, proposer des modèles de conduites, moraliser la vie politique, promouvoir l’éthique du travail, inciter les gens à adopter une nouvelle conscience citoyenne etc. Seulement, pour réaliser de tels objectifs, il est nécessaire de développer un dialogue social et politique fécond qui puisse orienter vers les véritables préoccupations des populations.
PAPE N SOUANE

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